Source: Lieux-dits de nos alpages : édité par l'association pour la sauvegarde du patrimoine nendard.

 

Croix ChouribiLe nom "Combyre" provient du mot "combe". En effet, l'alpage se situe des deux côtés du vallon creusé par le torrent de l'Ogeintze. Par exemple, l'endroit où restait durant quelques jours le bétail pendant sa transhumance de Chorebisse (Chouribi) vers Combyre était appelé "Comberette".

Chorebisse (Chouribi) n'était à l'époque pas aussi important que le site actuel. Il a fallu attendre les échanges de terrain entre la Bourgeoisie de Nendaz et le consortage pour pouvoir déboiser et donner à ce coteau son apparence actuelle. Une photographie aérienne de 1937 témoigne de l'étendue de la forêt en comparaison à celle d'aujourd'hui qui démontre un pâturage bien plus étendu représentant 50% de la durée d'estivage.

Le problème fut alors d'assurer l'exploitation dans les meilleures conditions puisqu'il n'existait pas de grenier ni d'abris pour les bêtes. Le premier projet de construction ne fut pas accepté par le consortage malgré son urgente nécessité. Il a fallu attendre la fusion définitive avec l'alpage de la Meina, ce qui, bien des années plus tard avec la constitution d'un nouveau consortage, parvint à remettre sur pied le projet des chottes de Chorebisse (Chouribi). C'est finalement en 1981 que la première pierre fut scellée grâce au travail du comité et au coup de pouce de Télé-Veysonnaz. Le Service cantonal des Améliorations Foncières n'avait prévu qu'une écurie de 120 places. Les responsables de l'alpage parvinrent à leur en faire accepter 136 et avec raison, puisqu'en juin 1996 il fallut annexer le bâtiment pour en faire 20 de plus.

Ces quelques lignes retracent bien entendu très brièvement la cohabitation et les événements qui firent des frères ennemis des amis recherchant le bien commun. Il régnait bien entendu une rivalité entre ces deux alpages. Une rivalité qui dépassait largement et à tous les niveaux la concurrence que l'on connaît aujourd'hui en économie puisqu'il s'agissait de subvenir aux besoins. A l'origine, les gens de Verrey et leurs hôtes saisonniers qu'étaient certaines gens de Veysonnaz et Clèbes composaient les membres du consortage de la "Combyre". Verrey était alors un des villages importants de la commune de Nendaz et des environs. Cette sorte de hiérarchie sociale et géographique amenait les familles les plus pauvres de Veysonnaz et Clèbes à prendre leurs droits à la "Meinaz", stratégiquement et pratiquement moins bien située.

Ces derniers devaient même traverser l'alpage de la Combyre pour atteindre leur pâturage plus à l'intérieur de la vallée. Ces manœuvres n'ont probablement jamais facilité les relations. De surcroît, cette région était administrée par le prince Évêque de Sion et l'autre par le Duc de Savoie. La tension toujours plus vive qui s'installait provenait de l'autorité religieuse qui soutint les plus petits, donc les consorts de "La Meinaz". Les "Chottes de Ryff", la présence d'un certain Jean-François Ryff, curé de Nendaz, confortent grandement ce raisonnement qui n'a pas encore été prouvé à 100%. Le fait que le curé Xavier Rey, desservant de la jeune paroisse de Veysonnaz (1912-1923), possédait du bétail et alpait à la Meina tend aussi à confirmer cette hypothèse.

La diminution constante du bétail et l'augmentation des charges d'exploitation amenèrent les deux consortages à une fusion en 1966. On dénombrait cette année-là 283 têtes dont 178 vaches, pour 68 propriétaires alors qu'en comparaison à la saison 1997, 276 têtes dont 138 vaches, réparties entre 30 propriétaires, étaient alpées.

Tant à la Combyre qu'à la Meina, les alpants furent satisfaits de leur opération. L'année suivante, lorsqu'il fut question de la fusion des droits, les deux assemblées décidèrent de ne pas poursuivre et provoquèrent une première rupture. Par la suite, d'année en année, les conditions d'exploitation se détériorèrent jusqu'à une nouvelle fusion en 1974, appuyée par Télé-Veysonnaz et Télé-Nendaz.

La construction des chalets de Chourebisse devenait alors urgente. Elle ne pouvait cependant pas se faire sans la fusion définitive des droits que devait justifier un tel projet. Le canton du Valais par l'entremise du service des Améliorations Foncières l'acceptait tandis que Berne le refusait. Le dossier "d'amélioration intégrale" qui leur avait été fourni présentait selon eux un manque de dénivelé entre Chourebisse et les chalets de la Meina pourtant distants de 6 kilomètres. L'intervention du conseiller d'Etat Guy Genoud permit finalement la mise à l'étude de ce projet.

Le 18 février 1981, une assemblée extraordinaire des deux consortages, présidée par le Préfet du District de Conthey, M. Candide Glassey, décida à l'unanimité de fusionner. Ce faisant, l'alpage de la Combyre-Meina s'assurait une exploitation rationnelle et permettait aux agriculteurs de la région de bénéficier d'une infrastructure adéquate.

Michel Praz, Jean-Edouard Fragnière


Lieux-dits Combyre