Proposé par Roland Lathion

En juin 1991 dans le cadre d’une émission placée sous l’égide de la Radio Suisse Romande, visant à promouvoir le patois et à démontrer Raymondsa vitalité dans la région des bords de Printze, Olivier Frutiger a réalisé un interview  de trente minutes, de Lydia Glassey et de Geneviève Fournier. Ces personnes bien connues à Veysonnaz, Clèbes et Verrey, mémoires fidèles de nos anciennes traditions, ont assuré avec brio un jeu de questions-réponses ayant pour thème les travaux de la terre en zone montagneuse. Les questions et les commentaires sont en français et les réponses en dialecte régional. Nous avons divisé cet interview, publié par Médiathèque du Valais, en cinq rubriques, selon les titres repris ci-dessous. Les propos que nous pouvons entendre dans la bouche de Lydia et de Geneviève retracent très concrètement la vie de nos parents et grands-parents. Nous sommes heureux de vous les faire écouter.

i Tsaruy

i Repaâe - i Chiëre

Ënvitî é courtî

é Légume - é Poumatèra

i Mouë - i Dzèrle

i Yoeudze – i Tsarëtte

 

Genevieve siteA l’époque dont nous parlent Lydia et Geneviève, la vie à Veysonnaz restait très autarcique. Chaque famille se débrouillait avec sa propre agriculture et son propre élevage. L’automne, on tuait une vache, un taurillon et souvent un porc, pour avoir de la viande en suffisance pour le restant de l’année. Le lait des vaches était amené à la laiterie et les propriétaires se garantissaient ainsi le fromage, le beurre et le sérac.

La plupart des familles possédaient aussi des vignes, à Vétroz, à Conthey ou sur les coteaux de Sion. Au printemps, les gens descendaient en plaine pour cultiver leur vigne et ils s’engageaient parfois, à la journée, pour deux francs, auprès de viticulteurs fortunés. C’était un travail pénible. Les équipements techniques n’existaient pas encore.

Comme dans toute région de montagne, l’agriculture jouait un rôle très important. Elle permettait à chacun de se nourrir et d’éviter la disette. Durant de nombreuses années la situation n’a presque pas évolué. Les habitants de Veysonnaz, Clèbes et Verrey se contentaient d’un régime alimentaire frugal, composé essentiellement de légumes, petits pois, pommes de terre, fèves, choux, choux-raves et de quelques fruits provenant d’arbres, généralement non soignés, qui poussaient dans les prés et les champs. Tous ces produits venaient agrémenter les plats journaliers principaux constitués de pomme de terre, de polenta et de pain de seigle. Avec les extras que constituaient la viande et les produits laitiers, cela leur permettait de vivre chichement mais sans souffrir de faim et de misère.

Les mayens étaient aussi un lieu d’exploitation agricole important à cette époque. Chaque famille y passait une bonne partie de l’été. Toutes les terres étaient exploitées, jusqu’au moindre recoin. Les talus étaient fauchés ; les herbages, même les plus difficiles, étaient exploités. Il ne faut pas oublié que la guerre de 39/45 a fait sentir ses effets jusque sur ces hauteurs. Nos aïeux ont connu, avec les coupons de rationnement, des moments difficiles. Leur mode de vie, leur attitude laborieuse et leur capacité de résistance leur a cependant permis de passé ce cap sans trop de difficultés. Le pain était cuit au village ; on y produisait le seigle et le froment que l’on faisait moudre à Beuson ou à Sion.

Dès la fin de la guerre, la culture des fraises est venue animer quelque peu cette agriculture alpestre. Devenant un moyen de gagner de l’argent, elle a gentiment remplacé la culture des céréales et a pris une place de plus en plus importante. La production était vendue sur les marchés valaisan et suisse et, en pleine saison, trois camions venaient chaque jour en prendre livraison.

L'interview peut-être écouté sous forme simplifiée, en suivant ce lien